J’etais Sur le Point D’arreter D’utiliser le Preservatif
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Jeanne 21 ans, vit à San Pedro, ville du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire à environ 500 kilomètres d’Abidjan. Jeanne comme de nombreuses jeunes filles est venue dans cette ville portuaire à la recherche d’un mieux-être. En effet, avec son port, San Pedro est une ville avec une grande concentration d’activités économiques qui attirent hommes et femmes, venant de toutes les régions du pays. Jeanne n’est jamais allée à l’école parce que ses parents n’en avaient pas les moyens. « Mes parents ne m’ont pas mise à l’école parce qu’ils étaient pauvres. » lance-t-elle avec un peu d’amertume. Jeanne est la 3ème d’une fratrie de 7 enfants dont 4 filles. La vie n’a pas toujours été facile pour elle et à 17 ans, elle décide de tenter sa chance à l’aventure. Un matin d’Octobre 2013, avec une de ses amies qui avait les mêmes ambitions qu’elle, elle quitte son Bouaké natal pour se rendre à San Pedro avec pour seuls bagages un baluchon et ses rêves.
Arrivée à San Pedro, Jeanne enchaine petits boulots sur petits boulots avec diverses fortunes. Ayant finalement pu réunir un petit capital, elle se lance dans le commerce. « La journée, je vends du poisson frais que je vais prendre au port et le soir venu, je vends un peu de salade en bordure de route. » dit-elle. Avec l’argent qu’elle gagne, elle a pu se prendre une petite baraque en bois dans le quartier précaire BARDOT et elle envoie de temps à autre un peu d’argent à ses parents.
Mais vivre seule, surtout dans une grande ville comme San Pedro n’est pas toujours facile pour une jeune fille. « Au début c’était très dur pour moi, j’accordais ma confiance facilement à tout le monde et les gens en abusaient surtout les petits amis que j’ai eus. Depuis quelques mois j’ai un copain qui a 7 ans de plus que moi. Au début de notre relation, on utilisait les capotes. Lui et moi, on n’a pas encore fait notre test de dépistage du VIH. Il y a quelques temps, il m’a demandé d’avoir des rapports non protégés avec lui ; ce que j’ai refusé. A cause de ça, il est devenu violent. » Révèle-t-elle « Je ne savais pas quoi faire et je n’avais pas d’arguments pour le convaincre. J’étais sur le point de céder sous sa pression, quand j’ai entendu parler de Super Go. » Poursuit-elle. Une de ses amies qui avait déjà participé à Super Go lui a recommandé ce programme de changement de comportement qui vise à outiller les jeunes filles afin qu’elles puissent prendre les bonnes décisions à des moments critiques de leur vie.
En effet, Super Go est programme financé par l’USAID et le PEPFAR à travers le projet HC3 et qui encourage les filles non encore sexuellement actives à retarder le plus longtemps possible leurs premiers rapports sexuels et suscite chez celles qui sont actives sexuellement le besoin d’utiliser systématiquement le préservatif à chaque rapport sexuel. À travers des ateliers de 4 réunions. « Au début, je ne voulais pas faire le programme, parce que je pensais que je n’allais pas avoir le temps de participer à toutes les réunions mais quand j’ai fait la première réunion, j’ai été impressionnée par toutes les bonnes informations que les facilitatrices là-bas nous ont données et par les témoignages de certaines participantes. Finalement J’ai pu suivre toutes les réunions. Je dis merci à Super Go car aujourd’hui, je n’ai plus de problème avec mon copain car je l’ai convaincu et il est venu participer à une séance et lui-même a vu l’importance de se faire dépister et d’utiliser les préservatifs. Lui et moi avons fait le test de dépistage et cela a permis de resserrer nos liens. En plus je connais mieux mon corps. Je souhaite que Super Go continue et que toutes mes sœurs bénéficient de cette activité afin de ranger leur vie. » Conclut-elle.
En écoutant Jeanne parler, on peut sentir de la joie et de l’enthousiasme dans sa voix. Elle qui n’est pas allée à l’école, c’est avec une légitime fierté qu’elle nous présente le diplôme de participation qui lui a été délivré à la fin des quatre séances de sensibilisation. Tout comme Jeanne, chaque année, grâce à Super GO, ce sont des milliers de jeunes filles qui voient leurs compétences de vie renforcées, réduisant ainsi leur vulnérabilité face au VIH. En 2016 ce sont environ 51000 jeunes filles de 15 à 24 ans qui ont bénéficié du programme Super Go sur 10 sites dans le sud, le sud-ouest et le centre de la Côte d’Ivoire.
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